L'obésité est une maladie chronique multifactorielle, et les environnements dans lesquels nous vivons, travaillons et jouons ont une influence sur notre santé. Nous sommes heureux de partager une nouvelle publication et une interview avec l'un des auteurs de ce commentaire.
Je suis ravi de te retrouver et merci d'avoir accepté cette interview, Giovanna.
C'est avec plaisir, Sheree ! Tout d'abord, je tiens à remercier mes coauteurs pour le brainstorming qui a donné naissance à ce manuscrit intéressant.
Les taux d'obésité ont triplé depuis le milieu des années 1970. Afin de replacer votre article dans son contexte pour nos collègues, pouvez-vous nous faire part de ce que vous considérez comme les facteurs environnementaux les plus importants contribuant à cette augmentation ?
L'augmentation des taux d'obésité depuis le milieu des années 1970 peut être attribuée à l'évolution des habitudes alimentaires, à la sédentarisation croissante et à la prévalence des aliments hautement transformés. De plus, l'environnement bâti, y compris l'aménagement urbain et les systèmes de transport, joue un rôle déterminant dans le choix des activités physiques et du mode de vie.
Nous voyons partout des projets et des initiatives axés sur la prévention primaire de l'obésité. Pourquoi pensez-vous que ces efforts de prévention primaire de l'obésité au niveau de la population n'ont pas eu l'impact escompté ?
Malgré les efforts généralisés en matière de prévention primaire, l'impact sur les taux d'obésité n'a pas été à la hauteur des attentes. Cela peut s'expliquer par l'interaction complexe de plusieurs facteurs, notamment les disparités socio-économiques et la nature multiforme de l'obésité. Une approche plus globale et multidimensionnelle, tenant compte à la fois des comportements individuels et des influences environnementales, semble nécessaire.
Votre article traite longuement de l'impact des environnements urbains sur la prévalence de l'obésité. Pourriez-vous nous expliquer plus en détail comment l'urbanisme et l'aménagement urbain peuvent être utilisés plus efficacement pour lutter contre l'obésité ?
L'urbanisme et l'aménagement urbain sont des facteurs déterminants qui influencent les taux d'obésité. Des quartiers bien conçus, propices à la marche et offrant un accès à des espaces verts peuvent encourager l'activité physique et l'engagement communautaire. Des politiques efficaces favorisant les modes de transport actifs, telles que les infrastructures cyclables et piétonnes, sont essentielles pour lutter contre l'obésité au niveau de la population.
D'après vos conclusions, dans quelle mesure la présence d'espaces verts et de quartiers propices à la marche contribue-t-elle à lutter contre l'obésité ? Existe-t-il des preuves à ce sujet ?
Les recherches montrent systématiquement que les espaces verts et les quartiers propices à la marche ont un impact positif sur les taux d'obésité. Ces environnements encouragent les activités de plein air, réduisent le stress et contribuent au bien-être général. Concevoir des zones urbaines intégrant ces caractéristiques est une stratégie essentielle pour favoriser des communautés plus saines.
Le transport actif est un enjeu majeur en matière de santé publique. Pouvez-vous expliquer le lien entre les systèmes de transport et l'obésité ? Existe-t-il des preuves tangibles à ce sujet ?
Les systèmes de transport ont une influence considérable sur l'obésité en raison de leur impact sur l'activité physique. Les villes dotées de transports publics performants et d'infrastructures favorisant les modes de transport actifs ont généralement des taux d'obésité plus faibles. Encourager les déplacements actifs et améliorer l'accessibilité aux transports publics peut contribuer à prévenir efficacement l'obésité.
Que pensez-vous du rôle joué par l'accès aux fast-foods et les pratiques des restaurants dans l'obésité, et quels changements politiques recommanderiez-vous dans ce secteur ? Ces changements auraient-ils un impact au niveau de la population ? Au niveau individuel ?
La disponibilité et la commercialisation des fast-foods contribuent à des habitudes alimentaires malsaines. Des changements politiques, notamment des réglementations plus strictes en matière de publicité alimentaire et un meilleur étiquetage nutritionnel, sont recommandés. La promotion d'options de menu plus saines et de pratiques durables dans les restaurants peut avoir des effets positifs tant au niveau de la population qu'au niveau individuel.
Votre article suggère que l'heure des repas peut influencer l'obésité. Pouvez-vous développer ce point en donnant des conseils sur la manière dont les individus et les sociétés peuvent adapter leurs habitudes alimentaires pour améliorer leur santé ?
L'heure des repas est apparue comme un facteur influençant l'obésité, avec des répercussions sur la santé individuelle et collective. Des habitudes alimentaires irrégulières, des repas tardifs et des horaires de repas incohérents peuvent perturber les rythmes circadiens et les processus métaboliques.
Pour les particuliers :
- Habitudes alimentaires régulières : encourager les individus à maintenir des horaires de repas réguliers tout au long de la journée aide à réguler le métabolisme et l'équilibre énergétique. Cela implique notamment de prendre le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner à peu près à la même heure chaque jour.
- Éviter les repas tardifs : Consommer des repas tard dans la soirée peut nuire au métabolisme. Encourager les personnes à prendre leur dernier repas plus tôt dans la soirée peut avoir une influence positive sur la gestion du poids et la santé globale.
Pour les changements sociétaux :
- Promouvoir des horaires de travail plus sains : dans de nombreuses sociétés, les horaires de travail peuvent perturber les horaires traditionnels des repas. En plaidant pour des horaires de travail plus flexibles ou des pauses pour les repas, on peut aider les individus à conserver des habitudes alimentaires plus saines.
- Initiatives éducatives : les campagnes de santé publique et les programmes éducatifs peuvent sensibiliser à l'importance des horaires des repas. Fournir des informations sur les avantages d'habitudes alimentaires régulières et les risques potentiels associés à des horaires de repas irréguliers peut permettre aux individus de faire des choix plus sains.
- Pratiques culturelles : Il est essentiel de reconnaître et de respecter les pratiques culturelles liées aux horaires des repas. Adapter les interventions aux normes culturelles peut améliorer leur efficacité et leur acceptation au sein de populations diverses.
En résumé, l'optimisation des horaires des repas implique à la fois des choix individuels et des changements sociétaux plus larges. Encourager des habitudes alimentaires régulières et cohérentes et s'attaquer aux facteurs environnementaux qui contribuent à des horaires de repas irréguliers peut contribuer à améliorer la santé métabolique et jouer un rôle dans la prévention de l'obésité, tant au niveau individuel que collectif.
La presse a beaucoup parlé récemment de la tendance mondiale à la consommation d'aliments ultra-transformés (AUT). Comment cette tendance contribue-t-elle à l'obésité et quelles stratégies les gouvernements et les individus pourraient-ils mettre en œuvre pour y remédier ?
La tendance mondiale à la consommation d'aliments ultra-transformés est liée à l'augmentation des taux d'obésité en raison de leur faible qualité nutritionnelle et de leur teneur élevée en calories. Les gouvernements peuvent remédier à cette situation en mettant en œuvre des politiques telles que des réglementations plus strictes en matière d'étiquetage des aliments, en encourageant la consommation d'aliments complets et en incitant l'industrie alimentaire à produire des options plus saines.
La discussion sur la lumière artificielle nocturne était passionnante ! Pourriez-vous nous parler de l'impact de la lumière artificielle nocturne sur l'obésité et des mesures qui peuvent être prises pour en atténuer les effets ?
L'exposition à l'ALAN perturbe les rythmes circadiens, ce qui a un impact sur les habitudes de sommeil et la santé métabolique. Les mesures d'atténuation comprennent la promotion d'une meilleure hygiène de sommeil, la réduction de l'exposition excessive à la lumière pendant la nuit et l'intégration de stratégies d'urbanisme visant à réduire la pollution lumineuse.
Enfin, Giovanna, quelles stratégies intersectorielles vous et vos coauteurs recommandez-vous pour lutter contre l'épidémie d'obésité, compte tenu du rôle des collectivités locales, des quartiers, des transports et du secteur alimentaire ?
Pour lutter efficacement contre l'épidémie d'obésité, il faut une collaboration entre plusieurs secteurs, en tenant compte de l'interdépendance des facteurs qui influencent la santé. Les stratégies intersectorielles impliquent la coordination et l'action de diverses entités, notamment les collectivités locales, les quartiers, les transports et le secteur alimentaire. La collaboration intersectorielle est cruciale. Les collectivités locales peuvent mettre en œuvre des politiques d'urbanisme qui encouragent l'activité physique. Le secteur des transports peut donner la priorité aux modes de transport actifs. Le secteur alimentaire peut adopter des pratiques plus saines. L'engagement communautaire et l'éducation sont des éléments essentiels. Une approche holistique et collaborative est indispensable pour lutter contre la nature multiforme de l'épidémie d'obésité.
L'article complet est disponible ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/dmrr.3748
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