Maria Kafyra, lauréate du prix Santé publique

Maria Kafyra, lauréate du prix Santé publique

Maria Kafyra, lauréate du prix Santé publique, est diététicienne/nutritionniste et chercheuse postdoctorale. Elle a travaillé et étudié en Grèce, au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis. Son travail consiste principalement à identifier les déterminants de la santé liés à l'obésité et à développer des interventions personnalisées qui tiennent compte des différences génétiques individuelles en matière de métabolisme et de réponse aux traitements, afin de répondre au besoin croissant de stratégies de soins de santé personnalisées. Elle travaille actuellement sur l'impact du surpoids sur l'accès à l'emploi et la capacité à concevoir chez les hommes et les femmes grecs âgés de 25 à 40 ans en surpoids ou obèses.

Maria, ravi de vous rencontrer pour cette interview ! Veuillez tParlez un peu de vous à la communauté EASO. Où avez-vous grandi ? N'hésitez pas à partager des informations sur votre enfance et votre éducation, votre environnement familial et les expériences formatrices qui ont pu influencer votre parcours professionnel.

J'ai grandi à Athènes, en Grèce, dans une famille urbaine de quatre personnes. Mes parents ont consacré tout leur temps, leur énergie et toutes les ressources possibles pour que ma sœur et moi puissions bénéficier de la meilleure éducation et de la meilleure éducation possible. Pour eux, notre réussite n'était pas seulement un espoir, mais un objectif, et ils nous ont inculqué la conviction que l'éducation était le fondement sur lequel notre avenir serait construit.

Obtenir une bonne éducation était la pierre angulaire de notre vie quotidienne. Tous leurs efforts et tous leurs choix visaient à nous donner les outils nécessaires pour exceller. Dès notre plus jeune âge, nous avons compris que la connaissance était synonyme de pouvoir, non seulement au sens académique, mais aussi en tant que clé pour développer notre esprit critique, comprendre véritablement le monde qui nous entoure et naviguer dans ses complexités avec clarté et détermination.

Cette quête incessante de connaissances a éveillé en moi une profonde curiosité pour les origines des choses : d'où viennent-elles, comment fonctionnent-elles et pourquoi fonctionnent-elles ainsi ? J'ai compris que la seule façon de trouver ces réponses était de mener des recherches continues, animées par une rigueur intellectuelle. Cette passion pour l'apprentissage est devenue plus qu'un parcours personnel ; elle s'est transformée en un désir de contribuer à la compréhension collective de la société, de repousser les limites du savoir et de découvrir des idées qui pourraient enrichir non seulement ma propre perspective, mais aussi celle du monde en général. 

Fantastique ! Veuillez nous présenter votre parcours universitaire et vos expériences en matière de recherche, en particulier celles qui vous ont conduit à vous spécialiser dans la recherche sur l'obésité. 

Mes études au département de nutrition et de diététique de l'université Harokopio d'Athènes pendant mon baccalauréat ont jeté les bases de mon avenir dans la recherche. Très tôt, j'ai développé un intérêt profond pour les processus métaboliques qui régulent l'apport alimentaire et leur interaction avec les facteurs physiologiques, génétiques et environnementaux. La complexité de ces mécanismes, en particulier en relation avec l'obésité, m'a captivé, et j'ai alors compris que je voulais approfondir mes connaissances dans ce domaine universitaire. Cette prise de conscience a renforcé ma décision de poursuivre des études de master, et comme j'avais toujours aspiré à étudier au Royaume-Uni, j'ai eu la chance de pouvoir le faire. Ces opportunités ont non seulement façonné mon identité universitaire, mais ont également réaffirmé ma détermination à poursuivre mes recherches dans le cadre d'un doctorat.

Ma passion pour la compréhension et l'explication des mécanismes biologiques a trouvé son pendant idéal dans la génétique lorsque j'ai pris conscience de la nature complexe de l'obésité. Bien qu'elle soit largement influencée par le mode de vie, la prédisposition génétique joue un rôle essentiel dans l'apparition ou non de l'obésité et dans la manière dont elle se manifeste. Cette prise de conscience a renforcé ma volonté de démêler les interactions complexes entre les gènes, le métabolisme et les influences environnementales.

Désireuse d'acquérir une expertise dans ce domaine, j'ai rejoint l'équipe de recherche du professeur George Dedoussis, une opportunité irremplaçable qui continue de façonner ma perspective scientifique. Grâce à cette expérience, j'ai découvert la nutrigénétique, ce qui m'a permis d'approfondir ma compréhension de la manière dont les profils génétiques individuels influencent les réactions à l'alimentation et au métabolisme. Mon parcours universitaire s'est ensuite étendu au-delà de la Grèce, car j'ai eu l'honneur de rejoindre le laboratoire du Dr Sophie Siest à l'Université de Lorraine en France, puis celui du Dr Toshiko Tanaka à l'Institut national sur le vieillissement (NIA) aux États-Unis grâce à une bourse Fulbright. Ces expériences ont profondément façonné mon identité professionnelle, universitaire et scientifique, en me permettant de côtoyer des scientifiques de renommée mondiale et de bénéficier d'un mentorat inestimable.

Grâce à des expériences enrichissantes au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis, poursuivre une carrière dans la recherche et le milieu universitaire est devenu la seule voie qui me correspondait vraiment. Chaque étape de ce parcours a été rendue possible grâce au soutien de bourses d'études, sans lesquelles mes aspirations ne se seraient pas concrétisées. L'opportunité d'explorer l'obésité sous plusieurs angles, en faisant le lien entre la génétique, la nutrition et la science métabolique, n'a fait que renforcer ma détermination à apporter des connaissances significatives dans ce domaine crucial.

Cette approche interdisciplinaire en santé publique est brillante, Maria. Comment votre formation universitaire et votre expérience professionnelle vous ont-elles préparé à aborder les complexités de la recherche sur l'obésité ? Je suis curieux de savoir comment vos intérêts de recherche ont évolué au fil du temps et quels facteurs vous ont amené à donner la priorité à l'obésité dans votre travail.

Ma formation universitaire et mes expériences professionnelles m'ont permis d'acquérir de solides bases multidisciplinaires dans le domaine de la recherche sur l'obésité. Après avoir obtenu ma licence en nutrition et diététique, mon intérêt croissant pour les fondements biologiques de la nutrition et son impact sur l'obésité m'a conduit à poursuivre des études de master, où j'ai approfondi ma compréhension des déterminants physiologiques et génétiques de la santé métabolique. Grâce à des bourses, j'ai encore élargi mon expertise en menant des recherches en France et aux États-Unis, axées sur la nutrigénétique et la nutrition de précision.

Au fil du temps, mes intérêts de recherche ont évolué, passant d'une approche générale sur la nutrition et le métabolisme à une étude ciblée sur la nature multiforme de l'obésité. Je me suis particulièrement intéressé à l'interaction entre la prédisposition génétique et les facteurs environnementaux, c'est-à-dire à la manière dont le mode de vie influence la biologie dans la formation du risque d'obésité et les réponses au traitement. Mon travail avec le groupe de recherche du professeur Dedoussis, ainsi que mes collaborations avec le Dr Siest et le Dr Tanaka, ont renforcé l'importance des approches personnalisées dans la prévention et le traitement de l'obésité.

Conscient que l'obésité est un défi sanitaire mondial, je m'engage à mener des recherches qui ont des implications directes et pratiques pour l'amélioration de la qualité de vie. L'obésité n'est pas seulement un trouble clinique, mais un problème complexe qui affecte le bien-être physique, mental, environnemental et psychologique, avec des conséquences profondes sur la longévité.

Aujourd'hui, en tant que chef de projet de l'initiative BETTER4U, je contribue à la mise en œuvre d'interventions biologiquement adaptées à l'obésité. Ce rôle me permet d'intégrer mon expérience dans la recherche métabolique, la génétique et la santé publique afin de développer des stratégies innovantes et fondées sur des preuves pour la prévention de l'obésité. La gestion d'un projet interdisciplinaire de cette envergure nécessite non seulement une expertise scientifique, mais aussi la capacité de traduire la recherche en applications concrètes, une compétence que j'ai affinée au fil des années en travaillant dans divers environnements de recherche. Mon parcours a été façonné par ma volonté de comprendre l'obésité au-delà d'un modèle causal unique. Dans le cadre de BETTER4U, la priorité est de combler le fossé entre la recherche et la pratique clinique, en veillant à ce que les avancées scientifiques se traduisent par des solutions personnalisées et significatives pour les individus et les communautés. 

Merci d'avoir à nouveau mentionné l'approche multidisciplinaire. L'EASO est également partenaire dans BETTER4U. CPouvez-vous nous parler d'autres projets de recherche ou collaborations qui ont particulièrement contribué à faire progresser votre compréhension de l'obésité ? 

Plusieurs projets de recherche et collaborations ont contribué à approfondir ma compréhension de l'obésité, en particulier sa complexité biologique et la nécessité d'interventions personnalisées. Mon travail avec le groupe de recherche du professeur Dedoussis m'a permis de découvrir la nutrigénétique, qui met en évidence le rôle de la prédisposition génétique dans le risque d'obésité et les réponses métaboliques, ainsi que leur interaction respective avec d'autres maladies non transmissibles (MNT) à tous les âges, telles que la stéatose hépatique associée à un dysfonctionnement métabolique (MASLD) et le diabète de type 2 (DT2). Cette expérience a renforcé mon intérêt pour la relation complexe entre la génétique, la nutrition et le mode de vie dans la prévention et le traitement de l'obésité. Dans le prolongement de cette expérience, mes recherches au laboratoire du Dr Siest (Université de Lorraine, France) et au sein de l'équipe du Dr Tanaka (National Institute on Aging, États-Unis) m'ont permis de découvrir des méthodologies de pointe en matière de nutrition de précision et de recherche métabolique, affinant ainsi mon expertise sur la nature multifactorielle de l'obésité.

Dans le cadre de mon doctorat, j'ai contribué à l'étude IMPROVE, qui a exploré les facteurs de risque cardiométaboliques et leurs interactions génétiques et liées au mode de vie, fournissant des informations cruciales sur les mécanismes sous-jacents au dysfonctionnement métabolique lié à l'obésité. Ce travail m'a permis d'approfondir ma compréhension de l'interaction complexe entre les voies métaboliques et la santé cardiovasculaire, renforçant ainsi l'importance des interventions personnalisées dans la gestion de l'obésité.

Aujourd'hui, en tant que chef de projet de BETTER4U, je suis à l'avant-garde de la mise en œuvre d'interventions biologiquement adaptées à l'obésité. Cette initiative interdisciplinaire traduit les résultats de la recherche en applications concrètes, en tenant compte de la variabilité individuelle du risque d'obésité et de la réponse au traitement. Grâce à BETTER4U, j'ai acquis une expérience inestimable dans la mise en relation des découvertes scientifiques avec les stratégies cliniques et de santé publique, ce qui a renforcé mon engagement à faire progresser la recherche sur l'obésité d'une manière qui profite directement aux individus et aux communautés.

EASO considère l'obésité comme une maladie chronique multidimensionnelle. Il semble que la collaboration interdisciplinaire ait joué un rôle important dans votre travail. 

La collaboration interdisciplinaire a été au cœur de mon travail, car la lutte contre l'obésité nécessite une approche intégrative qui relie plusieurs domaines. Tout au long de mon parcours de recherche, j'ai travaillé aux côtés d'experts en nutrigénétique, métabolisme, santé cardiométabolique, bio-informatique et santé publique, ce qui m'a permis d'étudier l'obésité sous différents angles scientifiques.

Au cours de mon doctorat, ma participation à l'étude IMPROVE m'a permis d'acquérir une expérience directe dans l'analyse des interactions entre la génétique et le mode de vie dans l'obésité et les dysfonctionnements métaboliques, soulignant la nécessité d'une approche interdisciplinaire. De même, mes collaborations avec le laboratoire du Dr Siest en France et l'équipe du Dr Tanaka au NIA m'ont permis de découvrir des méthodologies avancées en matière de nutrition de précision et de recherche métabolique, renforçant ainsi l'importance d'intégrer la génétique, la nutrition et l'épidémiologie dans les études sur l'obésité.

Aujourd'hui, en tant que chef de projet chez BETTER4U, je collabore activement avec des cliniciens, des chercheurs, des bioinformaticiens, des professionnels de la santé publique et des experts en politiques publiques afin de développer des interventions biologiquement adaptées à l'obésité. Cette collaboration interdisciplinaire est essentielle pour traduire la recherche en stratégies pratiques qui tiennent compte de la variabilité individuelle en matière de risque d'obésité et de réponse au traitement, garantissant ainsi que les avancées scientifiques aient un impact réel.