L'obésité est une maladie grave, chronique et récidivante, et doit être traitée comme telle. Pour mieux comprendre, faisons une expérience de pensée.
Imaginez une femme récemment diagnostiquée avec un cancer du sein qui rencontre son oncologue. Elle est bouleversée et souffrante. Le médecin devrait-il aborder la question de sa motivation à suivre ou à adhérer au traitement recommandé ?
Le problème lié à l'importance accordée à la motivation dans la prise en charge de l'obésité est qu'elle fait peser la responsabilité du succès du traitement sur les épaules du patient, ce qui est manifestement absurde dans le contexte des soins contre le cancer et, de plus, stigmatisant, discriminatoire et pesant dans le contexte de l'obésité. Lorsque la motivation du patient est considérée comme essentielle, les patients sont de facto victimes de stigmatisation, de discrimination, de honte, de culpabilité et d'auto-accusation lorsque le traitement échoue. Cela est éthiquement inapproprié et tout à fait injuste, car nous savons que l'échec de la gestion du poids et la reprise de poids sont dus à une régulation homéostatique neuroendocrinienne complexe de la masse graisseuse et NON à un manque de motivation.
L'OMS a reconnu l'obésité comme une maladie en 1948. L'AMA a suivi en 2013 et la CMA en 2015. Plus récemment, nous avons vu la Commission européenne classer l'obésité parmi les principales maladies non transmissibles. Lorsque l'obésité est considérée comme une maladie plutôt que comme un choix personnel et une responsabilité individuelle, TOUT CHANGE. Lorsque les processus biologiques d'adaptation et de maintien actif de la masse graisseuse sont reconnus par les cliniciens, TOUT CHANGE.
Il est temps d'adopter un nouveau paradigme. Il est temps pour nous tous de traiter les patients souffrant d'obésité et de ses complications en nous appuyant sur des connaissances scientifiques, au-delà du discours éculé sur la motivation des patients. Il est temps pour nous, en tant que médecins, d'assumer la responsabilité du discours que nous tenons à nos patients, dans le respect du serment d'Hippocrate. Il est temps pour nous d'agir en toute connaissance de cause et en toute intégrité afin de fournir des soins respectueux et appropriés à nos patients.