NEWSLETTER ECO2023 : QUATRIÈME JOUR – Les bactéries intestinales d'un enfant en bas âge permettent de prédire s'il sera en surpoids à l'âge de 5 ans.

NEWSLETTER ECO2023 : QUATRIÈME JOUR – Les bactéries intestinales d'un enfant en bas âge permettent de prédire s'il sera en surpoids à l'âge de 5 ans.

Une étude révèle également que les modifications du microbiote intestinal prédisposant à l'obésité chez l'adulte commencent dès la petite enfance.

Affiche PO3.012

La composition et le volume des bactéries intestinales chez les enfants âgés de 3,5 ans permettent de prédire leur indice de masse corporelle (IMC) à l'âge de 5 ans, qu'ils soient nés prématurément ou non, selon une nouvelle étude présentée cette année à l'ECO.

Les résultats ont également mis en évidence des différences dans les bactéries qui colonisent l'intestin chez les adultes obèses, ce qui suggère que les modifications du microbiote intestinal prédisposant à l'obésité chez l'adulte commencent dès la petite enfance.

La composition du microbiote intestinal se développe et évolue au cours des premiers mois et des premières années de la vie. Toute perturbation de son développement est associée à des troubles pouvant survenir plus tard dans la vie, notamment des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, le diabète de type 1 et l'obésité infantile.

Cependant, les liens entre le microbiote intestinal et l'évolution de l'IMC pendant l'enfance et le surpoids pédiatrique restent flous, et les informations sur les prématurés sont rares.

Pour en savoir plus, l'étude menée par M. Gaël Toubon, de l'Inserm, de l' Université Paris Cité et Université Sorbonne Paris Nord, Paris, France, a examiné comment le microbiote intestinal d'enfants âgés de 3,5 ans issus de deux cohortes nationales françaises était associé à leur IMC à l'âge de 5 ans et à l'évolution de leur IMC entre 2 et 5 ans, après ajustement pour tenir compte de facteurs de confusion tels que l'âge et le sexe de l'enfant, l'âge gestationnel, le mode d'accouchement, l'allaitement maternel, l'IMC maternel avant la conception et le pays de naissance.

Au total, 143 prématurés (nés avant 32 semaines d'âge gestationnel) ont été inclus dans l'étude EPIPAGE2, une étude nationale menée dans toutes les maternités et unités néonatales de France en 2011, et 369 nourrissons nés à terme (nés après 33 semaines de gestation) issus de l'étude ELFE, une étude nationale qui suit la vie de 18 000 enfants nés en France métropolitaine en 2011.

Des échantillons de selles ont été prélevés à l'âge de 3,5 ans. Le profilage génétique du microbiote a révélé une association positive entre le score z de l'IMC (une mesure du poids corporel basée sur la taille pour chaque groupe d'âge et chaque sexe) à l'âge de 5 ans et le ratio des bactéries intestinales. Firmicutes tBactéroïdes qui sont directement liés à l'obésité, plus Bactéroïdes (par rapport à Firmicutes), plus les individus ont tendance à être minces.

“ La raison pour laquelle ces bactéries intestinales ont une incidence sur le poids est qu'elles régulent la quantité de graisses que nous absorbons ”, explique Toubon. “ Les enfants qui ont un taux plus élevé de Firmicutes à Bactéroïdes absorbera plus de calories et sera plus susceptible de prendre du poids. ”

L'analyse a également révélé que six types spécifiques de bactéries intestinales étaient hautement prédictifs du score z de l'IMC à l'âge de 5 ans.

Une plus grande abondance de trois catégories de bactéries —Groupe Eubacterium halliiFusicatenibacter, et Groupe Eubacterium ventriosum—ont été identifiés comme facteurs de risque d'un score z d'IMC plus élevé ; et un nombre plus important de trois types de bactéries—EggerthellaColidextribacter, et Ruminococcaceae CAG-352—étaient associés à un score z de l'IMC plus faible.

Il est intéressant de noter que certains types de bactéries ont également été associés à des changements dans les scores z de l'IMC entre 2 et 5 ans, ce qui indique que certaines ont contribué à une progression plus rapide des scores z de l'IMC entre 2 et 5 ans, tandis que d'autres se sont avérées plus protectrices contre cette progression plus rapide.

De plus, les chercheurs ont découvert que la biosynthèse prévue des hormones stéroïdes et les voies métaboliques de la biotine (une vitamine B impliquée dans un large éventail de processus métaboliques) dans le microbiote intestinal étaient associées à un score z de l'IMC inférieur sur 5 ans.

“ Ces résultats suggèrent que ce qui importe dans le microbiote intestinal, ce n'est pas seulement la nature des bactéries présentes, mais aussi leur rôle ”, explique Toubon.

Il est important de noter que le fait d'être né prématurément n'a eu aucune incidence sur l'IMC ultérieur.

“ Le microbiote intestinal apparaît comme un facteur important au début de la vie, capable d'influencer la prise de poids pendant l'enfance et à l'âge adulte ”, explique Toubon. “ Nos résultats révèlent comment un déséquilibre entre différents groupes bactériens peut jouer un rôle important dans le développement de l'obésité. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier les espèces bactériennes spécifiques qui influencent le risque et la protection, et pour mieux comprendre à quel moment le microbiote intestinal peut évoluer vers un état favorable à l'obésité, et donc déterminer le moment opportun pour d'éventuelles interventions. ”

Contact auteur Gaël Toubon, Université Paris Cité et Université Sorbonne Paris Nord, Paris, France, veuillez contacter
E) gael.toubon@inserm.fr  

Notes aux rédacteurs:

Les auteurs déclarent n'avoir aucun conflit d'intérêts.

Pour lire le résumé complet, cliquez ici. ici

Pour voir l'affiche complète, cliquez ici. ici

AUTRES ARTICLES D'INTÉRÊT